26 octobre 2007

Travail, vous avez dit travail ?

Récemment (hier pour tout dire), j'ai eu une discussion avec Graeme qui portait sur le travail... Grave question surtout quand on est dans mon cas et qu'on ne travaille pas vraiment (ou du moins qu'on est en attente de quelque chose à faire et qu'on ne sait pas vraiment ce que ça va être) ! C'est une vaste problématique qui doit renvoyer chacun à ses aspirations les plus secrètes, au-delà bien sûr des éternels clichés sur cette question récurrente : pourquoi travaillons-nous ? Qu'est-ce que ça nous apporte ? Sociabilité, argent, indépendance, défis, dépassement de soi, confiance, intégration, structuration, identité (au sens où la première question par laquelle des gens vous abordent dans une soirée, c'est souvent : « Et toi, tu fais quoi dans la vie ? » Ce qui veut dire en clair, si on décrypte : « je ne te connais pas, je ne sais pas où te situer (et ce flou social me met un peu mal à l'aise) ; mais si tu me dis ce que tu fais, je saurais te situer dans une catégorie sociale donnée et je pourrais trouver (ou pas !!) des points communs de conversation et mettre ainsi un terme à mon malaise ! » Ce sont les règles les plus basiques de la communication : je m'adapte à mon interlocuteur et j'essaie de voir, l'air de rien, si on peut trouver des bases communes sur lesquelles bâtir une discussion. Finalement le travail s'avère être un des leitmotiv de la sociabilité !

Bref, les exemples sont nombreux et il semble y avoir autant de réponses que d'individus. Sans parler du fait qu'il y a différents types de travail et que personne ne met la même définition derrière ce terme aux affiliations multiples : être dans un bureau de 9h à 18h ou seulement quelques jours par semaine, est-ce travailler ? Rester chez soi à écrire, lire, dessiner, faire du montage, de la photographie, de la musique, voire même préparer ses cours si on est prof, est-ce un travail ? Où du moins, le considérons-nous comme un travail ? Etre devant son écran d'ordinateur ou passer son temps au téléphone chez soi ou dans une compagnie quelconque, est-ce travailler ? Faire de l’artistique, est-ce du travail (il faudrait que je pose la question à ma sœur…)

Tout dépend finalement de la représentation sociale qu'on a du travail et de la manière dont on négocie son intégration dans une communauté donnée. Et le plus difficile semble finalement être le travail à la maison car, dans ce cas, la communauté n'est pas une donnée existante mais quelque chose qui se construit au fur et à mesure (sans parler du fait la maison n'est plus, dans ce cas, un espace personnel où l'on se repose, mais un lieu ambivalent qui mélange le personnel et le professionnel, ce qui rend la division des tâches encore plus difficile à gérer : mon appartement n’est plus ce lieu où je rentre après le travail, mais ce lieu où je travaille et ou je me repose en même temps !!) De fait, il devient alors extrêmement difficile de faire l’un ou l’autre quand les deux espaces se mélangent. Et je dois dire que c'est un peu mon cas !

Je discutais l'autre jour avec une amie qui voyage depuis à peu près 3 ans, de l'Australie à la Nouvelle Zélande en passant par les États-unis : elle me disait que le travail était pour elle un moyen d'entrer en contact avec les gens du pays, de se constituer un réseau social « plus vrai » en évitant les touristes (et de travail, elle parlait de petits boulots saisonniers à droite à gauche qui lui permettaient de financer son voyage). Il y a de quoi relativiser ce qu’on attend donc du travail. Dans son cas, le travail reste un moyen pour découvrir de nouvelles expériences, la fin en soi de sa « quête » (si on peut l’appeler ainsi !) étant le voyage, la découverte d’autres cultures et je pense aussi une connaissance plus approfondie d’elle-même et de ses envies.

Qu’attendons-nous finalement du travail quand on pense que le but ultime de nos études est de préparer notre intégration dans ce monde souvent présenté comme difficile, voire hostile (tout spécialement en période de crise économique) ? Il est d’ailleurs intéressant de voir que, depuis le lycée ou l’université, on l’aborde souvent comme un monde à part, qui a ses propres règles et son propre fonctionnement… Travailler, est-ce un moyen de mener sa vie comme on l’entend (et par là, je me demande s’il faut séparer les deux, la vie d’un côté, le travail de l’autre) ? Mais cette dichotomie n’est pas aussi facile à faire, puisque le travail occupe quand même la majeure partie de nos journées et qu’il est donc difficile de l’abstraire de notre quotidien (le travail, pour la majorité d’entre nous, reste le quotidien, non ?) Le travail est-il au contraire, ce qu’il faut mettre en avant coûte que coûte parce que justement, il nous confère une identité et une reconnaissance dans le monde où nous vivons ? La réponse est très certainement à trouver entre ces deux extrêmes et toute la difficulté de mener sa vie comme on l’entend c’est de savoir négocier son entrée dans le monde du travail et de trouver un équilibre, souvent précaire, entre les deux. Mais là, c’est loin d’être évident !

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